Le Butô

Le mouvement appelé Butô, mouvement d’adaptation nécessaire à la survie dans le cadre de situations extrêmes, est né au Japon à la fin de la Deuxième Guerre mondiale, dans le contexte des bombardements d’Hiroshima et de Nagasaki. Souvent portée dans un esprit de révolte et un désir de renouveau liés à une prise de conscience, la Danse Butô est issue de ces corps meurtris dans leur âme et dans leur chair. Ainsi, Kazuo Ohno (1906-2010) s’est autorisé à être en mouvement d’une façon que peu de personnes expriment. Mais cette danse, qui est l’essence du mouvement de vie, est présente depuis toujours chez l’homme et en tous lieux : elle est atemporelle et universelle.

Françoise Jasmin déplore l’existence d’un à priori récurant selon lequel le Butô, parfois appelé la « Danse des Ténèbres », n’en réfère qu’à la souffrance. Il n’est pas question de feindre la douleur, ni même de s’amuser à cela car elle est inhérente à la vie. Le butô d’origine est issu d’une vraie douleur exprimée mais pas recherchée. Il ne s’agit pas d’un style mais d’un état d’esprit. Dans sa danse, Tatsumi Hijikata (1928-1986) a sûrement montré beaucoup de souffrance et de colère. Kazuo Ohno a lui davantage poétisé sa souffrance. Le danseur butô ne cherche pas à générer des états émotionnels particuliers, il les transcende. Il nait alors une relation de respect et d’écoute entre le danseur et le public.

Le Butô, empruntant une démarche authentique détachée des clichés, fait avant tout écho au vécu et aux ressources de chacun. Le parcours de vie nous fait bien souvent prendre conscience, et plus ou moins vite, de la nécessité de retrouver le sens du réel, le rapport authentique à soi-même, à son corps, à ceux qui nous entourent et au monde. Le Butô s’ancre dans la vie. Le Butô est le mouvement de la vie, la danse de la vie.

Lorsque un talent ne peut s’exprimer ou n’ose pas se révéler, il est souvent légitimé par l’extérieur, par une façade, un personnage, une étiquette. Dans le Butô, il s’agit d’inverser le processus : révéler son talent de l’intérieur. Le Butô fait alors éclore ce qui est enfoui en nous : le bon sens, la maturité, “el duende”, la particularité et l’universalité de chacun. Dans ce sens, le Butô peut être désigné comme une « danse de l’ombre », c’est-à-dire une danse de ce qui ne se voit pas. Il ne s’agit pas d’imiter des mouvements, mais d’abandonner les gestes appris, issus des codes et repères sociaux, pour trouver son mouvement naturel, essentiel, d’adaptation et volontaire, dénué de tout artifice. D’un point de vue butô, chaque mouvement est important et se mesure à sa juste valeur.

Le Butô fait alors éclore ce qui est enfoui en nous : le bon sens, la maturité, el duende, la particularité et l’universalité de chacun. Dans ce sens, le butô peut être désigné comme une « danse de l’ombre », c’est-à-dire une danse de ce qui ne se voit pas. Il ne s’agit pas d’imiter des mouvements, mais d’abandonner les gestes appris, issus des codes et repères sociaux, pour trouver son mouvement naturel, essentiel, d’adaptation et volontaire, dénué de tout artifice. D’un point de vue Butô, chaque mouvement est important et se mesure à sa juste valeur.

Le Butô est un travail sur l’intériorité et à la recherche des fondements essentiels du geste vrai.

« Essayer de trouver l’enfant qui est en nous. Beaucoup de choses viennent de l’extérieur, c’est mieux d’essayer d’être vide et à partir de là, de retrouver quelque chose d’intérieur ; le sentiment de la nostalgie est la racine du Butô. » (traduit du japonais) Kazuo Ohno

Caterina Pasqualino-Régis, chargée de recherche au CNRS, dit du flamenco ce que nous pourrions dire du Butô : « … le flamenco, cette esthétique qui permet à tout un peuple de transcender le sort pour fonder une culture extrêmement singulière et parfaitement universelle, matrice de valeurs liées au mystère de la procréation et au culte des morts… » (Extrait tiré du livre Dire le chant, Gitans flamencos d’Andalousie, Paris, CNRS MSH, 1988.)

Le mouvement appelé Butô, mouvement d’adaptation nécessaire à la survie dans le cadre de situations extrêmes, est né au Japon à la fin de la Deuxième Guerre mondiale, dans le contexte des bombardements d’Hiroshima et de Nagasaki. Souvent portée dans un esprit de révolte et un désir de renouveau liés à une prise de conscience, la Danse Butô est issue de ces corps meurtris dans leur âme et dans leur chair. Ainsi, Kazuo Ohno (1906-2010) s’est autorisé à être en mouvement d’une façon que peu de personnes expriment. Mais cette danse, qui est l’essence du mouvement de vie, est présente depuis toujours chez l’homme et en tous lieux : elle est atemporelle et universelle.

Françoise Jasmin déplore l’existence d’un a priori récurant selon lequel le Butô, parfois appelé la « Danse des Ténèbres », n’en réfère qu’à la souffrance. Nous n’avons pas besoin de la feindre, ni même à nous amuser à cela car elle est inhérente à la vie. Le Butô d’origine est issu d’une vraie douleur exprimée mais pas recherchée. Il se s’agit pas d’un style mais d’un état d’esprit. Dans sa danse, Tatsumi Hijikata (1928-1986) a sûrement montré beaucoup de souffrance et de colère. Kazuo 0hno a davantage poétisé sa souffrance. Nous ne recherchons pas à générer des états émotionnels particuliers. Il existe une relation de respect entre le danseur et le public, qu’il ne faut pas bafouer sous prétexte d’art.

Le Butô, empruntant une démarche authentique détachée des clichés, fait avant tout écho au vécu et aux ressources de chacun. Le parcours de vie nous fait bien souvent prendre conscience, et plus ou moins vite, de la nécessité de retrouver le sens du réel, le rapport authentique à soi-même, à son corps, à ceux qui nous entourent et au monde. Le Butô s’ancre dans la vie. Le Butô est le mouvement de la vie, la danse de la vie.

Lorsque nous avons un talent que nous ne pouvons ou n’osons pas révéler, nous avons tendance à le légitimer par l’extérieur : par un diplôme, un titre, une fonction, une réputation… Il s’agit d’inverser le processus, dans le Butô : révéler son talent tranquillement, de l’intérieur.

Les gestes pratiqués invitent les participants à dépasser les idées reçues et les réflexes sociaux qui les isolent de leur vraie nature et contrarient le mouvement naturel. Ils amènent à une recherche sur le mouvement et permettent d’en retrouver le sens et, par là même, le sens de l’être au monde.

Le Butô favorise le renforcement intérieur de la personne qui prend conscience de ses ressources et de ses possibilités d’action sur le monde extérieur. Ainsi, elle interagit pleinement avec son environnement sans être happée par celui-ci et se renforce extérieurement alors.

Le Butô appartient à tous et sommeille en chacun : le bon sens, la maturité, el duende, la particularité et l’universalité de chacun. Dans ce sens, le butô peut être désigné comme une « danse de l’ombre », c’est-à-dire une danse de ce qui ne se voit pas. Il ne s’agit pas d’imiter des mouvements, mais d’abandonner les gestes appris, issus des codes et repères sociaux, pour trouver son mouvement naturel, essentiel, d’adaptation et volontaire, dénué de tout artifice. D’un point de vue Butô, chaque mouvement est important et se mesure à sa juste valeur.

Le Butô développe la force, la souplesse et l’équilibre tout en procurant un bien-être et l’apaisement des émotions, liés au travail sur l’intériorité et à la recherche des fondements essentiels du geste vrai.

« Essayer de trouver l’enfant qui est en nous. Beaucoup de choses viennent de l’extérieur, c’est mieux d’essayer d’être vide et à partir de là, de retrouver quelque chose d’intérieur ; le sentiment de la nostalgie est la racine du Butô. » (traduit du japonais) Kazuo Ohno

Dans le Butô, le maître mot est patience. De la patience, mais pas de l’inertie. S’il y a des moments de difficulté dans cette danse, ils sont dus à l’impatience, c’est-à-dire que par moments, la précipitation fait perdre le fil de l’intention. Dans la vie, la rencontre d’une difficulté, voire d’une épreuve, se manifeste par l’immobilité liée à l’appréhension d’une situation inédite. Le mouvement est arrêté. Il en va de même pour tout moment fort, comportant un enjeu important. La flèche de Cupidon qui nous touche lors du coup de foudre est édifiante à ce sujet. Ce sont des moments qui nous ramènent à nous, loin des codes, et qui s’abordent avec patience et lucidité, deux qualités cultivées par le butô.

Caterina Pasqualino-Régis, chargée de recherche au CNRS, dit du flamenco ce que nous pourrions dire du Butô : « … le flamenco, cette esthétique qui permet à tout un peuple de transcender le sort pour fonder une culture extrêmement singulière et parfaitement universelle, matrice de valeurs liées au mystère de la procréation et au culte des morts… » (Extrait tiré du livre Dire le chant, Gitans flamencos d’Andalousie, Paris, CNRS MSH, 1988.)

La danse Butô est également très proche de l’expression du duende décrit par Federico Garcia Lorca. Voir l’article « Théorie et jeu du Duende » par Frederico Garcia Lorca

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Pour aller plus loin :

Danse butô, Danse de vie – La Transmission, Pensées et propos de Françoise JASMIN recueillis par Charlotte CEGARRA, 2010.

Kazuo Ohno’s world : From Without & Within, Kazuo OHNO & Yoshito OHNO, trad. anglaise John Barrett, Wesleyan University Press, 2004.

La Danse de l’avenir, Isadora DUNCAN, Éditions Complexe, 2003. Lire des extraits

Butô(s), textes réunis et présentés par Odette ASLAN et Béatrice PICON-VALLIN, CNRS Éditions, Collection Arts du Spectacle, Paris, 2002.

« Hijikata Tatsumi : The Words of Butoh », Nanako KURIHARA, suivi de traductions anglaises de textes d’Hijikata, revue TDR, printemps 2000, vol.44, n° 1.

Dialogue avec la gravité, Ushio AMAGATSU, trad. Patrick De Vos, Actes Sud, 2000.

Le Danseur des solitudes, Georges DIDI-HUBERMAN, Éditions de Minuit, 2006.

Écrits sur l’Art et la Vie, Antoine BOURDELLE, Éditions d’histoire et d’art, 1955.

Danse, Francis de MIOMANDRE, Flammarion, 1935.

Découverte sur la danse, Fernand DIVOIRE, Édition G. Crèss & Cie, 1924.

The Art of the Dance, Isadora DUNCAN,New-York Theater Arts,1928.

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